Léry Jicquel a un parcours déjà bien garni derrière lui. Motivé, dynamique et fort d’une volonté d’aider les autres, il se met tout d’abord littéralement au service des citoyens en travaillant dans la fonction publique territoriale. Également passionné de vélos et plus particulièrement de vélos d’occasion, Léry multiplie aujourd’hui les projets et met son dynamisme au service du monde du vélo. S’il est également animateur de beta.gouv.fr, l’incubateur numérique de startups d’État, il met ses compétences au service de sa passion pour le vélo. Nous avons posé quelques questions sur ses projets vélo numériques à Léry Jicquel et sa vision du milieu du vélo aujourd’hui.

Portrait de Léry Jicquel, agitateur du monde du vélo

Est-ce que tu peux te présenter ? Présenter ton parcours et le cheminement jusqu’à aujourd’hui.

Je m’appelle Léry. J’ai 36 ans. Je vis sur Paris depuis plusieurs années. Je suis originaire de Lyon. J’ai fait des études de droit et de science politique. Je travaille dans le secteur de la tech depuis plusieurs années. Concrètement, j’aide des équipes à lancer des services numériques à fort impact.

Le vélo, c’est surtout un hobby qui me prend pas mal de temps le soir et le week-end mais qui m’apporte énormément : des rencontres, des expériences, des apprentissages…

En 2014, avec mon épouse, nous avons lancé velook.fr afin d’aider toutes celles et ceux qui cherchent à dénicher un vélo d’occasion. Depuis, je ne me suis plus arrêté et j’ai multiplié les projets dans ce secteur avec plus ou moins de succès selon les services.

D’où te vient la passion pour les vélos ? Et pourquoi les vélos d’occasion surtout ?

C’est très curieux mais je n’étais pas du tout cycliste ou passionné par le vélo avant 2014.

Le déclic a d’abord été mercantile. Je l’avoue. Quand j’étais étudiant, j’achetais des vélos d’occasion vintage dans les brocantes de l’Ain que je revendais à Lyon. La petite marge que je pouvais me faire me permettait de payer une partie de mes vacances d’été.

Très rapidement des amis ou de la famille m’ont demandé des conseils sur l’état de leur vélo ou sur le style de vélo adapté à leurs besoins. Je me suis intéressé de plus en plus au vélo à cette occasion. Lorsque je suis enfin rentré sur le marché du travail, je n’ai plus eu besoin de chiner des vélos d’occasion mais j’ai eu besoin de partager tout ce que j’avais appris. C’est un peu comme ça qu’est né Velook.fr.

Léry Jicquel avec un vélo d'occasion

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Un intérêt pour le numérique qui se traduit par de nombreux projets

Comment en es-tu arrivé à combiner vélo et technologie avec les nombreuses solutions numériques que tu proposes ?

Je travaille dans un incubateur de Startups. Pour le dire plus simplement, j’aide des équipes composées notamment d’experts du numérique, à résoudre des problèmes réels pour les gens grâce à des services en ligne. La méthode est simple : vérifier qu’un problème existe, concevoir une solution minimaliste, la tester, évaluer si elle résout tout ou parti du problème, et recommencer pour l’améliorer. On peut faire tout ça très rapidement et sans investir des millions d’euros grâce au numérique. Je m’inspire de cette approche très “Startup” pour essayer de résoudre les problèmes du secteur du vélo.

Par ailleurs quand je me lance dans un nouveau projet j’essaie toujours de me poser ces questions : 

  • vais-je apprendre quelque chose ? 
  • suis-je capable de tester mon idée très rapidement ?
  • vais-je m’amuser à le faire ?
  • est-ce que ce projet pourrait aider le développement du vélo, même modestement ?
  • est-ce que je pourrais le faire sans y perdre trop d’argent ?

Si j’arrive à répondre oui à ces cinq questions, alors je fonce. Sans le numérique, je ne pourrais pas souvent répondre par l’affirmatif.

Y a-t-il un lien entre ton activité d’animateur beta.gouv et ces solutions numériques ?

Comme je te le disais avant, être co-animateur de cet incubateur, ça permet d’être aux premières loges pour comprendre ce qui marche, ce qui échoue et comment réussir grâce au numérique. Par ailleurs, être entouré d’experts du numérique (développement, design, bizdev, coaching…), qui font, fabriquent, testent, expérimentent… Forcément ça donne envie de faire pareil pour le développement du vélo. Je m’y emploie avec ce que je maîtrise le mieux : la création de contenus et la conception de services numériques.

Léry Jicquel, à l’initiative de nombreux projets vélo

Peux-tu nous lister les projets vélo que tu as lancés ? Ainsi que leurs buts. Je pense notamment à l’un des derniers nés : l’Observatoire des Cyclistes Accidentés et s’il y en a d’autres.

Je vais essayer de tous les lister. Ils ne sont pas tous des succès mais ils m’ont tous permis d’apprendre quelque chose. Voici la liste : 

  • Velook.fr lancé en 2014 : des conseils pour dénicher un vélo d’occasion, l’agenda des bourses aux vélos, référencement des 300 magasins et associations revendant des vélos d’occasion, un test de recommandation pour connaître le type de vélos adaptés à ses besoins… Résultat : plus d’un million de visiteurs aidés.
  • T-shirt pro-vélo lancé en 2019 : concept store de t-shirt pour afficher fièrement. Résultat : quelques cyclistes se baladent avec mes créations.
  • L’observatoire des cyclistes accidentés de la route lancé en 2020 : plateforme collaborative de signalement d’articles de presse mentionnant des accidents de cyclistes. Résultats : plus de 600 accidentés signalés.
  • Affiche “quel vélo choisir ?” lancée en 2020 : affiche pour aider à la prise de décision en matière de choix de vélo. Résultat : quelques associations de vélo l’ont accroché dans leur local.
  • Hackathon vélo lancé en 2020 : premier hackathon 100% en ligne et 100% dédié au vélo. Résultat : 50 participants et 10 projets lancés.
  • Vélofil lancée en 2020 : l’Instagram des collectionneurs de vélo. Résultat : aucun utilisateur actif, total échec.
  • La bonne info vélo lancé en 2020 : application de curation des influenceurs et médias dédiés au vélo. Résultat : plus de 130 références et des centaines de téléchargement.
  • Quiz Vélo lancé en 2020 : tests en ligne pour évaluer sa culture vélo. Résultat : quelques centaines d’utilisateurs.
  • Le Concentré Vélo lancé en 2021 : une newsletter pour faire grandir sa culture cyclable. C’est une revue de presse commentée sur l’activité française et internationale de la mobilité vélo sans un mot sur le cyclisme sportif. Résultats : 1 500 abonnés, 60% de taux d’ouverture, 30 éditions, plein de retours presse.

De Velook.fr à la newsletter Le Concentré Vélo, des outils pour informer

Velook.fr, un site de conseils pour bien choisir son vélo d’occasion

Pourquoi avoir créé Velook ? À quels besoins souhaitais-tu répondre ?

J’ai créé Velook pour une raison simple : aider celles et ceux souhaitant acheter un vélo d’occasion mais n’ayant pas de papa bricoleur ou de copines vélotafeuses pour les conseiller. Il y a plus d’un million de résultats Google pour la requête “vélo d’occasion” et plusieurs centaines de milliers de vélos d’occasion en vente. C’est une vraie jungle dans laquelle on peut vite se perdre. Velook.fr est un guide pour s’y retrouver quand on y connaît rien.

Velook.fr projet vélo de Léry Jicquel

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Aurais-tu des conseils pour toute personne souhaitant se lancer dans l’achat d’un vélo d’occasion ? Et pourquoi opter pour un vélo d’occasion plutôt que du neuf d’ailleurs ?

Je donne toujours le même conseil :

  • Comparer le marché près de chez soi : site en ligne, associations, revendeurs professionnels
  • Essayer le vélo avant de l’acheter
  • Demander de l’aide à un proche qui s’y connaît un peu
  • conserver une preuve d’achat

Les avantages des vélos d’occasion sont nombreux : plus de choix, moins cher et meilleur pour la planète.

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Nous avions déjà écrit un article sur Velook en 2016. Peux-tu nous parler de son évolution depuis 5 ans ?

Velook a bien grandi. C’est aujourd’hui un média de référence dans le secteur du vélo de seconde main. J’ai pu interviewer de nombreux fondateurs ou fondatrices de services ou produits dans ce secteur. Chaque année, l’audience augmente de 10 à 20%. Ce sont des stats dont je suis fier car elles récompensent toutes les années où je publiais chaque semaine un article alors que personne ne me connaissait. Tous ceux qui sont dans le numérique savent à quel point c’est difficile et long d’apparaître dans les premiers résultats sur les moteurs de recherche. Aujourd’hui, j’ai réussi à positionner Velook.fr parmi les premiers résultats de très nombreux mots-clefs “vélo” sur Google. Ma réponse peut paraître égocentrique mais c’est pourtant un facteur important quand on fait ça pour le plaisir.

Le Concentré vélo, une newsletter d’actualités vélo

Même question concernant Le Concentré Vélo, pourquoi et à quel besoin veux-tu répondre ?

Le Concentré Vélo répond à une demande forte qui accompagne souvent un marché ou une communauté en forte croissance : répondre à la curiosité de ses acteurs ou membres.

Le développement du vélo explose, en France mais aussi dans le monde entier. Les adeptes, usagers ou professionnels augmentent tous les jours. Ils sont nombreux à vouloir mieux comprendre cet écosystème, les enjeux de cette pratique… J’essaie humblement de leur apporter des réponses grâce à ma revue de presse hebdomadaire.

As-tu une ligne éditoriale précise ou une idée directrice précise pour chaque newsletter ?

Au départ, je n’avais pas vraiment de ligne éditoriale. Elle s’est construite au fil des éditions grâce aux retours nombreux de mes abonnés. Comme je te le disais plus haut, pour lancer rapidement un nouveau produit, il faut accepter que les premières versions soient imparfaites. Il convient aussi d’offrir un canal de “feedback” avec ceux pour qui tu réalises ce service.

Il y a quelques mois, j’ai commencé à comprendre ce qui plaisait à mon lectorat. Donc ma ligne éditoriale c’est : un édito inspirant, 10 actualités françaises et internationales, aucune information sur le cyclisme sportif et un ton piquant.

Enfin, il n’y a pas vraiment d’idée directrice pour chaque newsletter. C’est vraiment les actualités des derniers jours qui guident ma rédaction.

Logo Le Concentré vélo, projet de Léry Jicquel

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Et encore de nombreux projets pour mettre en lumière le vélo

Considères-tu que le milieu du vélo est encore marginalisé et bénéficie de trop peu de visibilité ?

Je ne suis pas vraiment capable de répondre avec objectivité à ta question. Je crois qu’on manque d’éléments pour le démontrer. Néanmoins, je pense qu’on aura atteint un palier quand le vélo aura coché ces cases :

  • des pubs sur le vélo avant le JT de 20h
  • une émission hebdomadaire sur la culture vélo sur une chaîne de la TNT
  • quand le vélo sortira des seules rubriques sports ou écologie des émissions de radio
  • quand on ne se posera plus la question.

Comment arrives-tu à concilier ton métier au quotidien et tes projets vélo ? Combien de temps te prennent ces projets à côté de ton emploi ? Je pense notamment à la revue de presse pour Le Concentré Vélo qui est très complète et récurrente.

Depuis septembre dernier, je passe une heure chaque soir, et deux à trois heures chaque week-end sur mes projets vélos. J’y arrive car j’ai une épouse très compréhensive qui m’encourage.

Est-ce que le monde du vélo manque d’entraide et de solidarité ? Est-ce une volonté d’essayer de le structurer par le biais de tes solutions (appli, newsletter, blog) ?

Je trouve au contraire que la cyclosphère ou la communauté pro-vélo est assez solidaire. De mon point de vue et de par mes expériences, toutes les associations, journalistes, influenceurs, entreprises… que j’ai pu contacter pour mes projets ont toujours répondu présents.

On te connaît grâce à Velook, Le Concentré Vélo… As-tu d’autres projets vélo à venir ?

J’ai bien quelques nouvelles idées mais j’en parlerai d’abord à mes abonnés. Je leur dois bien ça.

Par ailleurs, j’ai très envie d’aider des entreprises du secteur du vélo, petites ou grandes, à réussir leur lancement et à accélérer leur déploiement. Je profite de ton interview pour leur passer le message.

À propos de l’auteur : Quentin C

2 de commentaires

  1. MMB 4 janvier 2022 at 8 h 30 min - Reply

    Très intéressant cet interview mais ne serait il pas mieux de faire savoir que c’est un travail à plein temps et non un hobby pour justement faire progresser la vélo sphère !

    • Quentin Cornuault 4 janvier 2022 at 8 h 42 min - Reply

      Bonjour, en l’occurrence ce n’est pas son activité principale donc pourquoi vouloir réécrire l’histoire ? Cela n’enlève pourtant rien à l’implication que Léry met dans ses activités !

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